Deconstruction Simulator : quand la démolition virtuelle tourne au chaos organisé

J'ai démarré ce jeu pour tout casser. Je suis resté pour l'économie bancale, les bugs exaspérants et l'art étrange du Tetris version camionnette. Franchement, quelle expérience.

De temps en temps, un jeu débarque avec un tel mélange de génie et de chaos qu'on ne peut que tomber sous le charme. Deconstruction Simulator fait partie de cette catégorie. C'est un magnifique bazar où cohabitent des idées brillantes, une physique satisfaisante et une liste interminable de bugs et de choix de design déroutants. Le genre de jeu qui vous fait hurler de rage une minute, puis vous absorbe pendant cinq heures la suivante. C'est un véritable simulateur, pas seulement de démolition, mais aussi de gestion d'une petite entreprise constamment au bord de l'effondrement.

La satisfaction de tout détruire

Commençons par l'essentiel : la destruction. Et franchement, c'est absolument magnifique. Le moteur physique fait vraiment le boulot. Fracasser un mur de plâtre avec votre masse, voir la poussière se soulever et les montants apparaître en dessous, c'est incroyable. Ça demande trop de coups en début de partie et vous laisse en nage, mais le rendu est solide.

Le vrai plaisir arrive quand vous pouvez enfin louer la boule de démolition. Lâcher ce monstre sur une maison de banlieue, c'est un moment de pur bonheur. Regarder un bâtiment s'effondrer de manière réaliste sur lui-même est un spectacle d'une beauté chaotique. Mais le jeu propose aussi une approche plus calme et méthodique. Vous pouvez dévisser chaque charnière et support, démonter soigneusement les meubles et équipements pour les récupérer intacts. Cette dualité entre force brute et planification minutieuse constitue le point fort du gameplay.

L'enfer du Tetris en camionnette

Évidemment, une fois que vous avez récupéré des toilettes intactes et non explosées, il faut les ramener à votre entrepôt. C'est là que le jeu introduit son mini-jeu le plus cruel : le Tetris en camionnette. Votre véhicule de départ est ridiculement petit, et vous passerez un temps fou à essayer d'arranger parfaitement canapés, réfrigérateurs et palettes de briques pour maximiser votre chargement.

Ce serait un puzzle amusant, sauf qu'il y a un problème exaspérant : impossible de faire pivoter les objets sur les trois axes. Vous avez une énorme plaque de plâtre qui rentrerait parfaitement si vous pouviez simplement la poser à plat, mais le jeu refuse. Vous êtes obligé de la caler dans un angle bizarre, gaspillant un espace précieux. Ajoutez à cela une physique étrange qui fait rebondir les objets comme s'ils étaient en polystyrène, et vous avez la recette parfaite pour péter un câble. Un système qui semble délibérément conçu pour vous énerver.

Gérer une entreprise en mode difficile

La simulation de gestion d'entreprise, c'est là que le charme bancal du jeu se transforme en véritable cauchemar. L'économie est, pour dire les choses poliment, complètement cassée. On vous proposera des contrats qui rapportent moins que le prix de location de l'équipement nécessaire pour les accomplir. On m'a offert 600 dollars pour démolir une maison nécessitant une boule de démolition à 600 dollars, ce qui signifie que ma récompense pour une dure journée de travail était littéralement zéro.

Votre principale source de revenus, surtout au début, ne vient pas de la récupération d'antiquités précieuses, mais de la mise en sac des ordures pour le recyclage. Cela déséquilibre complètement le choix central du jeu. Pourquoi passer 20 minutes à démonter soigneusement une cuisine quand c'est plus rapide et plus rentable de tout fracasser et de vendre les débris ?

Tout passe par votre entrepôt, une fonctionnalité vraiment cool. Vous pouvez l'agrandir, acheter des étagères de stockage et accumuler tous les objets récupérés. Mais vous ne pouvez pas simplement les vendre. Vous devez attendre que des commandes spécifiques arrivent sur votre ordinateur. Résultat : un entrepôt rempli de toilettes sans personne pour les acheter, pendant qu'un acheteur offre une fortune pour une chaise ordinaire que vous n'avez pas vue depuis six contrats. C'est alambiqué et conçu pour freiner votre progression.

Une construction sur des fondations instables

Parlons maintenant des bugs. Ce jeu tient avec du chewing-gum numérique et des prières. Le plus terrible est un bug qui peut faire disparaître purement et simplement vos objets soigneusement récupérés. J'ai passé une heure à charger ma camionnette avec des tuyaux en cuivre de valeur et des objets spécifiquement demandés par un client, je suis retourné à mon entrepôt, et quand je suis revenu sur le site, la moitié de ce que j'avais laissé derrière moi s'était volatilisée. Un bug qui tue la progression et brise l'âme, priorité absolue pour les développeurs.

Au-delà de ça, l'état technique est une loterie. Le jeu plante régulièrement, les paramètres se réinitialisent tout seuls, et les performances, qui étaient apparemment correctes dans la démo, peuvent être saccadées et floues maintenant. Même la physique, aussi géniale soit-elle, peut buguer, laissant la moitié d'un toit flotter dans les airs après que vous ayez tout démoli en dessous.

Le verdict final

Alors après tout ça, faut-il y jouer ? Honnêtement, je ne sais pas. J'ai une relation amour-haine avec ce jeu. C'est un simulateur addictif, satisfaisant et unique dans son essence. Les développeurs sont clairement passionnés, très communicatifs avec leur communauté, et le prix est incroyablement raisonnable. Mais c'est aussi un bazar buggé, frustrant et mal équilibré qui donne souvent l'impression de travailler activement contre vous.

C'est la définition même d'un futur classique culte. Si vous aimez les simulateurs bancals mais attachants et que vous avez la patience d'un saint, je peux presque le recommander. Pour tous les autres, c'est un jeu à mettre dans votre liste de souhaits et à surveiller de loin. Il y a quelque part une excellente expérience enfouie là-dedans, mais les développeurs doivent faire un sérieux travail de démolition sur leur propre jeu pour la révéler.