Test de Mafia: The Old Country mise sur le retour aux origines mais manque de panache

Test de Mafia: The Old Country mise sur le retour aux origines mais manque de panache

Hangar 13 l'avait promis : avec Mafia: The Old Country, « les fans ne devraient pas se sentir dépaysés, car les développeurs ont veillé à revenir aux racines de ce qu'ils ont toujours apprécié ». Cette déclaration d'amour de Nick Baynes, président du studio, prend tout son sens dès les premières minutes de jeu. Ce prequel abandonne définitivement le monde ouvert de Mafia III pour retrouver la formule linéaire et cinématographique qui a fait le succès des premiers épisodes. Dans la peau d'Enzo Favara, jeune Sicilien rongé par la misère, nous plongeons au cœur de la Cosa Nostra naissante. Mais cette virée dans la Sicile du début du XXe siècle tient-elle vraiment ses promesses ?

Du grand cinéma au cœur de la Sicile

The Old Country adopte résolument la structure d'un long-métrage chapitré. Chaque séquence se savoure comme une scène de film, avec Enzo Favara en protagoniste central. Ce jeune homme brisé par la vie, contraint de travailler dans les mines de soufre, tente de gravir les échelons de la famille Torrisi qui l'a recueilli dans sa détresse.

Le travail de reconstitution historique impressionne. Développé sous Unreal Engine 5, le jeu offre des panoramas sublimes baignés de couleurs sépia et d'une ambiance chaleureuse. Les marchés animés, les ruelles pavées et les quartiers fourmillants autour du Don respirent l'authenticité. Même les coupures de journaux disséminées dans les décors racontent subtilement l'époque sicilienne.

Conduire dans ces rues escarpées avec des virages serrés devient une expérience contraignante mais terriblement immersive. L'introduction des chevaux apporte une vraie bouffée d'air frais : les balades à travers la campagne sicilienne offrent de précieux moments de respiration. Les voitures, plus rares et introduites progressivement, reprennent fidèlement les modèles d'époque jusqu'aux moindres détails sonores, enregistrés à partir de véritables véhicules anciens.

Cette authenticité a toutefois son revers : l'absence totale de musiques sous licence, pourtant signature de la série. Là où les précédents épisodes vibraient au son de Benny Goodman, Dean Martin ou Sam Cooke, The Old Country ne peut s'offrir ce luxe. L'époque s'y prête mal, la radio balbutie encore, et les trajets à cheval se font souvent dans un silence pesant. La bande originale orchestrale, bien que soignée, et les morceaux folkloriques siciliens interprétés par de vrais groupes locaux peinent à compenser ce manque de relief sonore.

Malgré sa beauté, la carte donne peu envie d'exploration en dehors des missions principales. Conçue pour servir le récit plutôt que pour offrir un terrain de jeu, elle présente peu d'intérêt hormis le magasin d'armes visité ponctuellement.

Un gameplay brutal mais prévisible

Les habitués des anciens Mafia retrouveront le goût familier de leur gameplay d'époque, avec ses qualités et ses défauts. The Old Country reprend cette formule avec une approche plus tactique : chaque balle compte, l'erreur se paie cher. Le feeling des armes reste résolument old school avec des temps de rechargement conséquents et une visée qui demande patience.

L'arsenal respecte fidèlement l'époque, du Bodeo Model 1889 au fusil à canon scié Lupara. On peut également improviser avec de vieilles lampes à huile pour déclencher des incendies ou lancer des pièces pour distraire les gardes. L'approche reste libre entre affrontement frontal et infiltration. Le stiletto d'Enzo devient central, avec plusieurs variantes disponibles selon les situations.

Malheureusement, le level design manque cruellement de surprises. Trop attendu, il affaiblit la tension des gunfights souvent expédiés facilement. L'intelligence artificielle ennemie, peu réactive, propose un défi limité. Les duels au couteau, pourtant cohérents historiquement, deviennent vite répétitifs et simplistes.

Heureusement, quelques séquences bien rythmées sauvent l'ensemble. Mention spéciale à la scène d'opéra inspirée du Teatro Massimo de Palerme, véritable clin d'œil au Parrain 3 qui offre un moment de pur cinéma interactif. Le système de breloques, petites perles à accrocher au chapelet d'Enzo pour obtenir des bonus passifs, constitue une trouvaille thématique intelligente qui évite un arbre de compétences inutilement complexe.

Des personnages qui donnent vie à l'histoire

La force de Mafia réside dans sa capacité à honorer les codes narratifs des grands films de gangsters. Enzo Favara s'impose comme un protagoniste attachant et nuancé. Son passé difficile dans les mines a forgé un survivant résilient dont l'évolution reste parfaitement crédible. Malgré la brutalité du milieu mafieux, ses principes humains demeurent ancrés.

Le casting secondaire impressionne également. Don Torrisi dégage charisme et mystère malgré ses problèmes d'ego évidents. Le neveu du Don incarne parfaitement la loyauté familiale malgré ses difficultés. Luca se révèle un allié précieux pour Enzo. La relation avec Isabella, fille du Don, apporte une tension dramatique palpable.

Les scènes de développement des personnages marquent particulièrement, comme cette nuit où Enzo et Cesare partagent quelques verres. Une séquence anodine qui enrichit brillamment notre perception des protagonistes. Chacun bénéficie de traits crédibles et d'expressions faciales saisissantes grâce à la technologie MetaHuman.

Le doublage anglais avec accent italien, synchronisé parfaitement avec les animations faciales, reste recommandé. Le sicilien offre une immersion totale pour les plus exigeants. Les thèmes classiques - loyauté, trahison, argent, pouvoir - sont abordés efficacement sans chercher à réinventer le genre. La structure chapitrée renforce l'aspect cinématographique sublimé par une mise en scène stylisée.

L'aventure se boucle en 10 à 12 heures pour une expérience concise. Quelques choix subtils, plus symboliques qu'impactants, donnent l'illusion de maîtriser sa propre morale. Certaines fonctionnalités comme l'appareil photo d'Isabella ou la garde-robe d'Enzo restent malheureusement sous-exploitées.

Notre verdict

Mafia: The Old Country n'est ni un coup d'éclat, ni un échec. Ce retour aux sources sobre et maîtrisé choisit la linéarité pour mieux raconter une histoire d'hommes, de sang et de loyauté. L'ascension d'Enzo Favara pose les bases d'un récit dense, intelligemment écrit, porté par une direction artistique élégante.

Cette ambition narrative se heurte parfois à une exécution trop sage. L'absence d'audace dans le level design et l'ambiance sonore empêche le titre de vraiment décoller. On sent l'amour du détail et la rigueur de la mise en scène, mais aussi une certaine retenue là où il aurait fallu oser davantage.

The Old Country reste un bon cru, un récit mafieux classique mais soigné qui ravira les amateurs de narration forte et de jeux à l'ancienne. Il lui manque cependant cette étincelle qui l'aurait fait entrer dans la légende des grands épisodes de la série.

75 / 100

Points Forts

  Direction artistique exceptionnelle
  Reconstitution historique soignée
  Personnages charismatiques
  Narration cinématographique
  Durée maîtrisée

Points Faibles

  Level design prévisible
  IA ennemie basique
  Ambiance sonore décevante
  Duels répétitifs
Yannis Catounaud
A propos de l'auteur

Yannis Catounaud

Je suis passionné par les jeux vidéo depuis mon plus jeune âge. Mon amour pour l'univers numérique m'a conduit à explorer constamment les dernières avancées dans le monde des smartphones, tablettes, ordinateurs et bien d'autres gadgets technologiques. Armé d'une curiosité insatiable, j'aime dévoiler les dernières tendances et innovations, partageant avec enthousiasme mes découvertes avec la communauté en ligne. Mon engagement envers l'exploration constante des frontières de la technologie me permet de présenter aux lecteurs un aperçu captivant de ce que le futur numérique nous réserve.