L’artiste de Fortnite sous le feu des projecteurs : L’IA, mythe ou réalité ?

Le lancement du Chapitre 7 de Fortnite aurait dû être une fête, mais un invité surprise a gâché l'ambiance : l'intelligence artificielle. Sur les réseaux sociaux, une vague de suspicion a déferlé, suggérant que certaines images, affiches et autres sprays (ces petits graffitis numériques) du jeu auraient été générés par IA.

Le mouvement baptisé “Say No to AI Slop” (que l'on pourrait traduire par « Dites non au travail bâclé par IA ») a rapidement pris de l'ampleur, notamment sur Reddit. Ce qui semblait être de simples discussions sur des détails graphiques a vite tourné à une véritable crise de confiance entre la communauté de joueurs et les développeurs.

Un artiste s'explique et dégaine ses preuves

Face à l'ampleur de la polémique, un artiste d’Epic Games, Sean Dove, a décidé de briser le silence pour rétablir les faits sur l'une de ses œuvres les plus critiquées : le spray Marty McFly du Battle Pass.

Pour beaucoup, l'esthétique de ce spray criait « IA » de loin, alimentant la défiance générale. Pour couper court aux rumeurs, Sean Dove a partagé sur ses réseaux sociaux des captures d'écran de son processus de création.

Il a expliqué en toute transparence avoir d'abord réalisé un collage d'images de pendules glanées sur le web pour créer le fond iconique du spray. L’œuvre finale est donc bien le fruit d'un travail humain. L'artiste reconnaît que certains détails, comme la forme des chiffres, peuvent paraître étranges. Il n'exclut d'ailleurs pas qu'une des images sources, utilisées comme base pour le collage, ait pu être générée par IA. Mais il insiste : le résultat final, c'est lui qui l'a conçu et dessiné.

Sa prise de parole est cruciale à l'heure où les algorithmes automatiques sont scrutés partout. Si elle ne résout pas la totalité du débat sur la saison, elle offre une première réponse claire et tangible à une accusation très relayée.

Au-delà du spray : la crise de la transparence

Pourquoi cette clarification fait-elle autant de bruit ? Parce que le problème est bien plus vaste que le seul cas du spray Marty McFly. Depuis plusieurs jours, les joueurs pointent du doigt d'autres éléments visuels du Chapitre 7 qui, selon eux, manquent de cohérence ou présentent des erreurs anatomiques typiques des outils d'IA.

Le fameux Yéti à neuf orteils est devenu l'exemple emblématique de ces erreurs, le symbole des dérives redoutées par une partie du public.

Cette méfiance est d'autant plus forte que, quelques jours avant le lancement du chapitre, Tim Sweeney, le patron d'Epic Games, avait déclaré qu'un label "réalisé avec IA" n'avait "aucun sens dans le jeu vidéo". Pour lui, l'IA sera bientôt intégrée à tous les processus de production. Une vision pragmatique, mais qui a été perçue comme condescendante par une partie de la communauté gaming.

La frustration des joueurs ne se résume donc pas à une série d'images discutables. Elle traduit un malaise profond dans la communauté : le public veut savoir ce qu'il consomme. Dans un jeu où l'apparence (les skins, les objets cosmétiques) est au cœur de l'identité du joueur, l'attachement à l'univers passe aussi par la certitude que la création est humaine.

Le souci n'est pas tant que des œuvres soient soupçonnées d'IA. Ce que les fans reprochent à Epic, c'est le manque de clarté et le sentiment que les frontières entre création humaine et génération automatique s'estompent sans information claire pour les joueurs. Dans ce contexte, la transparence de Sean Dove est une bouffée d'air frais.