Apple et l'IA : comment le géant a raté le virage technologique

Apple et l'IA : comment le géant a raté le virage technologique

Quand Apple a lancé l’iPhone 16 en septembre dernier, le discours était clair : ces nouveaux smartphones étaient "pensés pour l’intelligence Apple". En réalité, cette promesse était loin d’être tenue. L’assistant Siri nouvelle génération, censé être la vitrine de cette révolution, est toujours aux abonnés absents. Et selon plusieurs employés d’Apple, ce retard ne doit rien au hasard.

Un manque de vision au sommet

Alors que des géants comme Google, Amazon ou Meta misaient depuis longtemps sur l’intelligence artificielle, Apple, de son côté, restait en retrait. L’un des points de blocage ? Une partie de sa direction. Craig Federighi, vice-président senior de l’ingénierie logicielle, n’aurait pas cru à l’intérêt de l’IA, même quand des collègues alertaient sur son potentiel il y a plus de dix ans.

Il a fallu attendre que Federighi teste lui-même ChatGPT sur un projet personnel pour qu’il réalise la puissance des modèles d’intelligence artificielle modernes. Mais à ce moment-là, les concurrents avaient déjà une longueur d’avance. OpenAI, Google et les autres affinaient leurs outils pendant qu’Apple restait dans l’expectative.

La confidentialité avant tout

Un autre facteur clé du retard d’Apple : son engagement strict en faveur de la vie privée. Contrairement à d’autres entreprises qui utilisent les données de leurs utilisateurs pour entraîner leurs IA, Apple refuse catégoriquement de puiser dans les informations des iPhone ou des Mac. Même son robot d’indexation respecte les sites qui demandent à ne pas être analysés.

Résultat : les modèles d’IA d’Apple avancent lentement, avec des milliers d’analystes humains chargés de corriger les erreurs manuellement. Cette approche, éthique mais coûteuse en temps, freine fortement les progrès de la firme dans ce domaine.

Une réorganisation en urgence

L’échec de l’initiative "Apple Intelligence" a entraîné des remaniements internes. John Giannandrea, ancien de Google recruté pour piloter l’IA chez Apple, a perdu la main sur le développement produit. C’est désormais Craig Federighi qui supervise le tout, une manière de prendre ses responsabilités, selon certaines sources.

Tim Cook, de son côté, reste déterminé à faire de l’IA une priorité stratégique. Apple travaille actuellement sur une version entièrement repensée de Siri, basée sur des modèles de langage avancés, qui viendra remplacer l’ancien assistant dès qu’elle sera prête.

Vers des partenariats avec Google et Perplexity

Consciente qu’elle ne peut plus rester seule face à la concurrence, Apple serait en discussion avec Google pour intégrer le modèle Gemini à l’iPhone, une stratégie déjà adoptée par Samsung. Des rumeurs évoquent aussi des collaborations avec d’autres acteurs comme Perplexity, afin de permettre aux utilisateurs de choisir l’IA qu’ils préfèrent utiliser sur leur appareil.

Un changement de stratégie à venir

L’un des enseignements majeurs de cette histoire : Apple va désormais revoir sa façon d’annoncer ses nouveautés. Fini les effets d’annonce un an à l’avance. À l’avenir, la marque devrait se limiter à des présentations de fonctionnalités prêtes à être lancées dans les mois qui suivent. Un changement de ton que l’on devrait déjà ressentir lors de la prochaine WWDC.

Si Apple a raté le départ de la course à l’IA, la firme semble bien décidée à rattraper le temps perdu. Mais dans un domaine qui évolue à toute vitesse, chaque mois compte — et les concurrents, eux, n’attendent pas.

Anthony Rodier
A propos de l'auteur

Anthony Rodier

Que ce soit à travers des critiques objectives, des guides d'achat ou des analyses approfondies, je m'efforce de rendre la technologie accessible à tous, en démystifiant les concepts complexes et en mettant en lumière les aspects pratiques de ces innovations. Mon travail consiste également à partager des réflexions sur l'impact de la technologie sur notre vie quotidienne et à explorer les possibilités fascinantes qu'elle offre pour l'avenir.