Comment l'IA espionne le stress des employés et pourquoi c'est un problème

Comment l'IA espionne le stress des employés et pourquoi c'est un problème

Imaginez un monde où votre patron pourrait savoir si vous êtes stressé, énervé ou parfaitement détendu grâce à une technologie appelée intelligence artificielle des émotions (EAI). Eh bien, ce n'est pas de la science-fiction. Cette technologie, déjà utilisée depuis quelques années, s'immisce désormais dans nos lieux de travail.

Selon un article captivant de Business Insider, certaines entreprises n'hésitent pas à employer ces outils pour évaluer les candidats pendant les entretiens ou même pour surveiller le comportement des employés au quotidien. Prenons l'exemple des employés d'un service clientèle qui reçoivent des conseils en temps réel de l'IA sur le ton à adopter. Bien que cela puisse sembler utile, il apparaît que ces retours continus peuvent plutôt déstabiliser, voire inquiéter les employés, surtout si l'IA n'est pas assez élogieuse.

L'idée de surveillance semble logique pour améliorer la productivité, mais elle peut en réalité être contre-productive. Un exemple frappant vient d'une entreprise fabricant des bureaux de luxe pour des clients comme Nvidia et LinkedIn. Ces bureaux sont équipés de capteurs biométriques pour mesurer des données comme le rythme cardiaque ou la nervosité. Bien que présenté comme un outil d'évaluation du bien-être et que les données soient collectées de manière anonyme, des experts doutent de l'anonymat réel de ces informations.

Sarah Myers West de l'AI Now Institute met en garde contre l'utilisation de données biométriques et de reconnaissance des émotions, arguant que ces données sont par nature personnellement identifiables et que l'argument de l'anonymisation est difficile à soutenir étant donné l'abondance des données collectées.

De plus, l'efficacité même de l'EAI est remise en question. Fondée sur les théories du psychologue Paul Ekman, qui prétend que nos émotions se traduisent par des expressions faciales universelles, cette technologie a été largement contestée par des recherches récentes.

Finalement, au-delà de toutes ces considérations techniques et éthiques, les méthodes de surveillance au travail tendent à produire l'effet inverse de celui recherché. Selon une étude de David Welsh, de l'université d'État de l'Arizona, le fait de surveiller de près les employés les incite souvent à transgresser les règles, à prendre des pauses non autorisées, à ralentir leur travail, voire à voler du matériel.

En somme, au lieu d'améliorer l'ambiance et la productivité, l'espionnage des employés par l'IA pourrait bien s'avérer être un véritable boomerang pour les entreprises qui s'y aventurent.

Source : Business Insider

Anthony Rodier
A propos de l'auteur

Anthony Rodier

Que ce soit à travers des critiques objectives, des guides d'achat ou des analyses approfondies, je m'efforce de rendre la technologie accessible à tous, en démystifiant les concepts complexes et en mettant en lumière les aspects pratiques de ces innovations. Mon travail consiste également à partager des réflexions sur l'impact de la technologie sur notre vie quotidienne et à explorer les possibilités fascinantes qu'elle offre pour l'avenir.