L'ex-dirigeant de Meta affirme que protéger les artistes détruirait l'IA

L'ex-dirigeant de Meta affirme que protéger les artistes détruirait l'IA

Nick Clegg, ancien vice-Premier ministre britannique et ex-dirigeant de Meta, vient de lancer un pavé dans la mare. Selon lui, obliger les entreprises d'intelligence artificielle à demander l'autorisation aux artistes avant d'utiliser leurs créations pourrait purement et simplement anéantir cette industrie naissante.

Une industrie bâtie sur les données artistiques

Pour fonctionner correctement, les intelligences artificielles comme ChatGPT d'OpenAI, Gemini de Google ou Grok de xAI ont besoin de quantités astronomiques de données pour apprendre. Ces entreprises puisent massivement dans le travail d'artistes bien réels : milliers de livres, performances d'acteurs, voix de doubleurs... tout y passe.

Meta elle-même utiliserait des milliers d'ouvrages considérés comme "sans valeur" pour entraîner ses modèles. Plus inquiétant encore, certaines sociétés exploitent les performances des comédiens et doubleurs pour alimenter leurs systèmes. Cette pratique menace directement l'emploi des acteurs de jeux vidéo, qui pourraient bientôt être remplacés par des voix synthétiques. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux se sont déjà mis en grève pour protester contre ces dérives.

La position controversée de Nick Clegg

Face à cette situation, Nick Clegg adopte une position pour le moins tranchée. "Je ne vois tout simplement pas comment on pourrait demander à tout le monde à l'avance. Je ne vois pas comment cela fonctionnerait", déclare-t-il sans détour. Selon lui, imposer cette obligation au Royaume-Uni "tuerait littéralement l'industrie de l'IA dans ce pays du jour au lendemain."

L'ancien responsable de Meta va plus loin en qualifiant d'"invraisemblable" les revendications des artistes qui exigent d'être consultés avant l'utilisation de leurs créations. Son argument ? Les systèmes d'IA s'entraînent sur des volumes de données tellement gigantesques qu'il serait impossible de contacter chaque créateur individuellement.

Un débat qui divise le Royaume-Uni

Cette polémique intervient alors que le Parlement britannique examine actuellement un projet de loi qui obligerait les entreprises d'IA à révéler quels artistes ont contribué, volontairement ou non, à l'entraînement de leurs modèles.

Le projet bénéficie du soutien de poids lourds de la musique comme Paul McCartney, Dua Lipa et Elton John. De son côté, Peter Kyle, ministre du Numérique, tente de concilier les deux camps en affirmant que "l'économie britannique a besoin que les secteurs de l'IA et de la création réussissent et prospèrent."

Cette bataille juridique et éthique ne fait que commencer. Elle oppose deux visions : celle d'une innovation technologique sans contraintes et celle du respect des droits d'auteur. L'issue de ce débat pourrait bien redéfinir l'avenir de l'intelligence artificielle et de la création artistique.

Anthony Rodier
A propos de l'auteur

Anthony Rodier

Que ce soit à travers des critiques objectives, des guides d'achat ou des analyses approfondies, je m'efforce de rendre la technologie accessible à tous, en démystifiant les concepts complexes et en mettant en lumière les aspects pratiques de ces innovations. Mon travail consiste également à partager des réflexions sur l'impact de la technologie sur notre vie quotidienne et à explorer les possibilités fascinantes qu'elle offre pour l'avenir.